
5 minutes pour imaginer que tu es infirmière puéricultrice de nuit…
Bonjour,
Aujourd’hui, je vous invite dans un milieu courageux, brave et en difficulté permanente… Le monde des infirmières de nuit au service pédiatrique…
Fin de la journée : préparez vous, habillez vous parce que vous avez dormi aujourd’hui .
Alors que la nuit tombe,vous finissez la check liste des petits conseils pour la nuit, des petits mots tendres, vous dîtes au revoir à vos proches vous vous chaussez, et partez .
Vous savez que cette nuit vous pouvez vivre le pire comme le meilleur, des sourires et de l’innocence, ou de l’horreur et de l’injustice… Ça fait partie du travail , dans son intégralité …
On arrive , on dit bonjour, on se taquine sur la nuit à venir , on se change. Une fois en tenue, on rejoint l’équipe pour les transmissions.
« Les transmissions » ce gros mot dont on ne comprend pas toujours le sens quand on ne connait pas le milieu hospitalier, j’ai même envie de dire quand on a la chance de ne pas connaître le milieu hospitalier.
Et bien cela signifie que le personnel soignant prend connaissance des dossiers des enfants ou plutôt de leur pathologie, des prescriptions de médicaments, réfléchit à l’organisation des rondes de nuit pour pouvoir donner à chacun son traitement à la bonne heure sans oublier les contrôles des températures, des tensions et les constantes.
Une fois l’organisation terminée commence la tournée , ou autrement dit le moment ou les fiches de patients se transforment en patient, des enfants avec différentes pathologies nous accueillent dans leur chambre avec leurs sourires ou leurs chagrins, leurs peurs et leurs bobos.
Nous prenons aussi contact avec les parents, souvent tendus et fatigués, parfois agressifs parce qu’inquiets… Comment ne pas les comprendre?
C’est le moment où on les voit encore éveillés, on pose des questions : comment tu te sens? De quoi as-tu besoin? Il faut réfléchir à la logistique pour les proches , comment leur faciliter la nuit dans le fauteuil d’appoint ? L’heure présumée de la prochaine visite, la nécessité de les réconforter.
Parfois le patient est connu, alors même si on est content de revoir le petit bonhomme ou la petite princesse avec qui la dernière fois nous avions évoqué les classiques de Walt Disney et bien le sentiment de tristesse de voir que la maladie ne disparait pas nous envahit …
Encore un enfant qui ne peut pas être dans son lit ce soir, ( ou dans le lit de ses parents soyons fous …) .
Une fois que nous avons fait connaissance avec tous les patients présents, il faut effectuer les commandes de pharmacie pour avoir les médicaments nécessaires , ranger le matériel et effectuer diverses opérations de vérifications.
Toutes ses activités sont entrecoupées par les sonnettes des diverses chambres, toutes ces familles qui se posent des questions et qui ont besoin de réponses . Parfois on ne peut pas forcément tout leur dire, mais du mieux qu’on peut il faut arriver à les éclairer, à les rassurer ou au contraire écouter leur point de vue pour avertir le médecin et peut être regarder la pathologie de manière différente.
Les échanges qui aboutissent sur une nouvelle vision de la maladie sont tellement importants, ils donnent un vrai sens à la profession. La satisfaction professionnelle d’avoir aidé, aussi bien les patients et leur famille que l’équipe des médecins.
Puis il faut refaire une tournée, pour reprendre les constantes et distribuer les médicaments ou ré-alimenter les perfusions.
Morphée est souvent passé, les chambres sont éteintes et les enfants dorment. Une nuit calme ou fiévreuse . Les parents s’agitent à coté laissant parfois libre court à leur chagrin et profitant de ce moment de répit et d’isolement pour évacuer leurs larmes et leurs tensions.
Inutile de vous leurrer, certains en profitent aussi pour déverser leur mécontentement sur nous, rien de tel que de râler ou de s’énerver pour guérir un enfant n’est ce pas?
Et puis, parfois on rentre dans un chambre ou le sommeil est serein , on remarque que la température n’est pas remontée, que toutes les constantes sont bonnes et on sait que demain, ce petit va rentrer chez lui , retrouver ses jouets et oubliera bien vite toutes ses péripéties…
Alors là oui, on peut rentrer chez soi une fois la nuit terminée avec le sentiment que pour lui , pour elle , tout va bien, on était là pour les accompagner et ils vont reprendre le cours de leurs existence en oubliant que demain, nous serons là pour ceux qui sont restés , et pour ceux qui vont arriver…
Il nous reste à faire les transmissions avec l’équipe de jour et cette fois vous savez de quoi il s’agit.
C’est avec les yeux lourds, luttant pour ne pas se fermer que nous rentrons et nous jettons sous la couette pour pouvoir profiter enfin d’un peu de repos.
Merci à vous Mesdames, Messieurs les infirmiers, merci à vous personnel soignant hospitalier pour tout ce que vous donnez et j’ai envie de dire dans les conditions dans lesquelles vous donnez…
Allez je vais vous laisser et regagner mes chaussons pour reprendre ma vie qui la nuit consiste à dormir…
Prenez soin de vous et à bientôt…